Dans un tournant fiscal sans précédent, le gouvernement britannique, sous la houlette du Chancelier de l’Échiquier, Jeremy Hunt, a annoncé l’introduction de nouvelles mesures de taxation touchant à la fois le vapotage et le tabac. Cette décision, prise dans le cadre de la présentation du budget pour l’exercice fiscal débutant en avril, soulève un débat complexe entre considérations économiques, enjeux de santé publique et conséquences sociales.
Présentation des nouvelles mesures fiscales
Détails des augmentations de taxes annoncées
Dans le détail, les mesures envisagées introduisent une taxation inédite sur les produits de vapotage, définie à 1 livre sterling par 10 ml pour le e-liquide sans nicotine et à 2 livres sterling pour celui contenant de la nicotine, sans compter la TVA actuelle de 20 % sur ces produits. En parallèle, la fiscalité sur le tabac connaîtra également une hausse, portant le prix du paquet de cigarettes à 16 livres sterling, soit environ 18,70 euros, marquant une nouvelle augmentation depuis la dernière révision en novembre 2023.
Objectifs gouvernementaux
Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie plus large visant à combattre le tabagisme et à limiter l’accessibilité des jeunes aux cigarettes électroniques, dans l’espoir d’atteindre une génération sans tabac d’ici 2030. La montée en puissance du vapotage chez les adolescents, avec un taux d’expérimentation passant de 15,8 % en 2022 à plus de 20 % en 2023 chez les 11-17 ans, a particulièrement alarmé les autorités.
Réactions et conséquences anticipées
Accueil des mesures par les différents acteurs
Les réactions à ces annonces sont partagées. Les acteurs de santé publique, tels que Deborah Arnott, directrice d’Action on Smoking and Health (ASH UK), applaudissent cette initiative, la voyant comme un moyen d’endiguer l’afflux de produits illégaux et d’encourager le sevrage tabagique via le vapotage. En revanche, les industriels du secteur expriment leur inquiétude, craignant un impact négatif sur les consommateurs à faible revenu et sur le marché du vapotage en général.
Le directeur de la World Vapers’ Alliance, Michael Landl, a exprimé de sérieuses inquiétudes sur la direction prise par le gouvernement :
« Il semble que, dans le but de générer des recettes fiscales supplémentaires, le gouvernement britannique soit prêt à compromettre la santé de milliers de fumeurs. C’est encore un pas dans la mauvaise direction. En rendant plus coûteuses les alternatives moins nocives au tabagisme, le gouvernement dissuade effectivement les fumeurs de faire ce changement. Cette mesure affectera de manière disproportionnée les moins riches et exacerbera les inégalités en matière de santé, en particulier en période de crise du coût de la vie. »
Impact économique et social
Effectivement, les nouvelles taxations risquent de renforcer les inégalités en matière de santé, en rendant les alternatives moins nocives au tabac plus onéreuses pour les groupes socio-économiques défavorisés. Cette situation est exacerbée par le constat que les taux de tabagisme sont nettement plus élevés chez les chômeurs (25,7 %) par rapport aux personnes en emploi (13,3 %), selon l’Office for National Statistics.
Débats et polémiques
Questionnement sur l’efficacité des mesures
L’efficacité de la taxation comme outil de réduction du tabagisme fait débat. Clive Bates, expert en stratégie de santé publique, critique l’approche du gouvernement, estimant que cela pourrait encourager la consommation de cigarettes et le commerce illégal. De plus, une taxation sur la vape pourrait alimenter les idées fausses sur sa dangerosité, malgré les preuves de son rôle dans la réduction des méfaits du tabac.
Comparaison internationale
Le Royaume-Uni se positionne à l’avant-garde de la lutte contre le tabagisme, mais ces nouvelles mesures pourraient marquer un tournant controversé par rapport aux approches adoptées par d’autres pays. Qu’en est il de la vape dans le monde ? La comparaison avec les politiques de taxation internationales révèle une diversité d’approches, soulignant l’importance de l’évaluation des impacts à long terme.
Perspectives futures
Possibles ajustements et suivi des mesures
Le gouvernement s’engage à suivre de près l’impact de ces nouvelles taxes, tant sur le plan de la santé publique que de l’économie. Une consultation est prévue pour affiner la conception de la taxe sur le vapotage, avec une entrée en vigueur annoncée pour octobre 2026.
Le rôle du vapotage dans la stratégie de sevrage tabagique
Malgré les controverses, le vapotage reste une alternative moins nocive au tabac largement reconnue. La mise en place d’une politique fiscale équilibrée, qui ne décourage pas son usage parmi les fumeurs souhaitant arrêter, s’avère cruciale.
Conclusion
L’annonce de la nouvelle fiscalité sur le vapotage et le tabac au Royaume-Uni s’inscrit dans un contexte de santé publique complexe, oscillant entre la nécessité de réduire le tabagisme et celle de ne pas pénaliser les alternatives moins nocives. Si l’objectif ultime reste la protection des générations futures, la mise en œuvre de ces mesures exige une attention particulière aux impacts économiques, sociaux, et à l’opinion publique. Seul l’avenir dira si cette stratégie parviendra à équilibrer efficacement ces différentes considérations, pour le bien-être de tous.